Faire du médicament un bien commun

Pour une appropriation citoyenne active et solidaire de la santé.

Nos inquiétudes et nos colères grandissent devant la financiarisation et la marchandisation croissantes de la santé en France, en Europe et dans le monde.

La recherche, la production et la distribution de produits et soins de santé ont été attribuées aux entreprises privées, les Big pharma, qui orientent toutes leurs activités vers le marché, au profit de la création de valeur pour les actionnaires, et se comportent comme des prédateurs, aux dépens des conditions d’existence de milliards d’êtres humains.

Nous, salariés de l’industrie pharmaceutique, professionnels de la santé, chercheurs, journalistes, économistes, sociologues, patients, tous citoyens, avons décidé de nous mobiliser et d’agir contre cette situation inacceptable.

Nous voulons mettre un terme aux méthodes d’évaluation de la recherche, financée par les deniers publics, basées sur les seuls critères d’application industrielle, de brevetabilité et de rentabilité, menant à la confiscation des résultats et des connaissances à des fins d’intérêts privés.

Nous voulons que cessent les spéculations financières dans le secteur des soins de la  santé, les dérives commerciales telles que les pénuries organisées et les pratiques de prix excessif du médicament. Ces stratégies injustes rendent inaccessibles les soins indispensables à la santé à une part toujours plus importante des populations, y compris celles des pays dits « riches ».

Nous voulons, en priorité, contester les accords de Marrakech (1994), qui ont légitimé les droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC), appliqués aux médicaments, support juridique de leur monopolisation par les Big pharma, pour leurs effets négatifs sur l’accès aux médicaments et le droit à la santé.

Nous voulons, pour  répondre aux besoins universels de santé de l’humanité

  • faire bénéficier le médicament d’un statut juridique particulier, celui de bien commun, reconnu dans le droit international, qui le rend non appropriable, l’excluant ainsi des lois du marché, du profit et de la concurrence.
  • transférer aux citoyens les pouvoirs de décision sur les moyens de répondre à leurs besoins de soins de santé.

Nous proposons d’agir collectivement pour une appropriation sociale et populaire de l’ensemble de la chaîne du médicament, selon un nouveau mode d’organisation de la recherche, de la  production et de la distribution de médicaments de qualité, efficaces, accessibles, dans une démarche de coopération solidaire, avec une pharmacovigilance active et des tests cliniques respectueux de la dignité et de l’intégrité des patients.

Notre première action est de publier ce «Manifeste pour l’appropriation sociale du médicament», exigeant de reconsidérer la législation internationale en matière de propriété intellectuelle et industrielle appliquée aux médicaments, sur la base de la primauté de la santé publique, en application du droit universel à la santé.

Nous vous invitons à réagir, à donner votre opinion sur ce combat, à formuler vos questions, vos propositions, pour enrichir et développer notre action. Nous vous proposons de signer le manifeste, et ainsi joindre votre voix à celles des personnes, de toutes origines et de toutes sensibilités, qui le soutiennent, pour constituer une chaîne active pour la santé de toutes et tous.