Emmanuel Macron a déclaré dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne que seule la politique européenne va nous permettre de répondre aux pénuries de médicaments que nous vivons (1).
Qu’en est-il de cette politique ? Les pénuries de médicaments essentiels redoublent et les prix exorbitants de certains rendent les situations de plus en plus angoissantes pour les patients et les professionnels de santé.
La pandémie de COVID a rappelé avec force l’importance cruciale des traitements pharmaceutiques pour notre santé et l’état de la société. Ainsi que les compétences et le dévouement des salariés, personnels du système de santé et de l’industrie pharmaceutique.
En même temps, la pandémie a mis en évidence les carences du système de santé. Alors que la France dans les années 1970 était le deuxième pays en termes de découverte de nouveaux médicaments, il apparaît qu’elle ne dispose plus des capacités de recherche et de production pour répondre aux besoins.
Emmanuel Macron, plus généralement le gouvernement et l’État, ne sont pas dans l’ignorance de cette situation. Depuis des décennies ont été déversés des dizaines de milliards d’euros aux industries pharmaceutiques sous forme d’exonérations d’impôts et de crédits impôts en soutien à la recherche.
Dans l’immédiat vient d’être débloqué 1,7 milliard d’euros, toujours au profit de l’industrie du médicament, pour un développement de la recherche et de la production.
Mais pour quel résultat ? A l’évidence la question n’intéresse ni le Chef de l’État ni le gouvernement.
A quoi servent les bénéfices engrangés sur certains médicaments et l’argent public généreusement distribué à BIG Pharma ? Celui-ci décide la suppression de 1600 postes ! Donc la fermeture de sites de production et l’amputation des capacités de recherche. Des mesures qui font suite, pour ce qui concerne spécifiquement Sanofi, à la suppression de 800 postes dans la production et de 320 postes en recherche développement, dont l’arrêt de la recherche en oncologie (qui fait suite à l’arrêt sur les anti-infectieux, le système nerveux central, le diabète et la cardiologie). Des médicaments, dont certains sont considérés comme des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, sont abandonnés au nom de la rentabilité maximale.
La stratégie de Big Pharma est guidée par une seule recherche : celle du profit financier et la distribution de dividendes aux actionnaires.
Cela ne favorise guère la réponse aux besoins de santé, c’est même clairement l’inverse. Moins de recherche, moins de production, c’est plus de chômage, davantage de pénurie de médicaments, voire l’inexistence de certains dont dépend la vie de nombre de personnes.
La finance n’est soucieuse que de sa propre santé, peu lui importe celle de la population. Mais le pouvoir persiste à distribuer, sans aucune contrepartie, des subventions, lesquelles sont sans incidence positive pour la santé, voire carrément produisent des effets inverses dans le cas du plan actuel.
Puisqu’on ne peut compter ni sur Big Pharma ni sur le gouvernement pour répondre aux besoins de santé, imposons une autre politique avant qu’il ne soit trop tard : l’appropriation sociale des moyens de recherche, production, distribution du médicament déclaré bien commun.
Collectif Médicament Bien Commun
(1) : « Cette politique qui, seule, va nous permettre de répondre aux pénuries de médicaments que nous vivons ou au sujet d’accès aux patients ».