Depuis deux décennies, le nombre de ruptures de stock des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ne cesse d’augmenter. Il a triplé ces 3 dernières années pour atteindre 3000 molécules, fragilisant dramatiquement le système de santé.
Une des raisons officielles avancées est la mondialisation de la production de médicaments. 80 % des principes actifs vendus en Europe sont fabriqués principalement en Chine et en Inde. La moindre difficulté d’accès aux matières premières compromet la chaîne d’approvisionnement des médicaments.
Fin 2022, le gouvernement envisageait une baisse de prix de certaines molécules génériques[1]. Les fabricants de médicaments soutenus par les syndicats de pharmaciens, s’y opposent fortement, jugeant par ailleurs irréaliste la loi de 2023 de financement de la Sécurité sociale, prévoyant une baisse du budget médicament, au regard des coûts de production en augmentation via le prix des matières premières et de l’énergie. N’est pas mentionné l’explosion des aides publiques accordées aux entreprises pharmaceutiques du CAC 40, ni la mainmise de ces dernières sur les institutions pour imposer les conditions de production et de vente de leurs produits leur garantissant des profits maximum.
Selon Thierry Hulot le président du Leem : «la spécificité française » est de pratiquer « les prix les plus bas d’Europe »[2], faisant le lien entre prix trop bas et pénuries.
Les groupes pharmaceutiques utilisent le chantage vis-à-vis de l’état pour satisfaire la demande d’une augmentation de prix des médicaments! Collusion ou reddition l’exécutif a cédé en annonçant qu’il allait autoriser des hausses de prix pour certains génériques essentiels[3], « en contrepartie d’engagement des industriels » de maintenir leur production dans l’hexagone.
Voilà le cœur du problème, le médicament est pour les entreprises productrices une source de « business » comme une autre. La recherche du profit à court terme prime sur les besoins de santé de la population, plaçant la santé sous le joug du marché.
Ce modèle économique pharmaceutique exige une remise en question en profondeur, comme le démontre G. Krikorian dans son article intitulé « Médicaments : comment on a organisé la pénurie » paru dans Alternatives Economiques en mars 2023. (accessible via le lien)
Elle analyse, dans cet article, comment est organisée la pénurie, et pourquoi cette situation ne peut être réglée « grâce à un chèque », ou » à une dérogation au principe d’annualité budgétaire », comme le préconise le ministre de la santé François Braun, en promettant « Plus jamais ça ! Cette pénurie de médicaments essentiels “[4].
Les promesses n’engagent que ceux qui y croient!
Médicament Bien Commun : 28-02-2023
[1] https://www.lexpress.fr/economie/medicaments-vers-une-baisse-des-prix-les-pharmaciens-engagent-un-bras-de-fer-avec-letat-23USLUPFHFCWNEUD773FZCRQSQ/
[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/medicament/penurie-de-medicaments-le-leem-pointe-les-baisses-de-prix-et-la-logique-comptable
[3] https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/tensions-d-approvisionnement-en-medicaments-francois-braun-et-roland-lescure
[4] https://www.europe1.fr/sante/penurie-damoxicilline-nous-sortons-de-crise-assure-francois-braun-4165019