La réponse du député François Ruffin au PDG de SANOFI

Une de nos lectrices a trouvé, dans sa revue de presse, cette réaction du député François Ruffin, interviewé par BFM et RMC, interrompu en direct par le PDG de SANOFI France. Nous partageons car ce courrier confirme ce que nous avons à plusieurs reprises dit dans nos articles consacrés au groupe pharmaceutique français. 
Sur le blog de François Ruffin

De : François Ruffin,
Député, 1ère circonscription de la Somme

A Monsieur et Madame :
Paul Hudson, directeur général de Sanofi
Audrey Derveloy, présidente de Sanofi France

Copie à :
Apolline de Malherbe
2 Rue du Général-Alain-de-Boissieu
75015 Paris

Mesdames, messieurs, les dirigeants de Sanofi (et Madame Apolline de Malherbe),

C’est la magie du direct, paraît-il. Jeudi dernier, de bon matin, sur BFM-RMC, Apolline de Malherbe m’interrompait, en plein entretien : « Sanofi écoute. Ils nous écoutent, et ils viennent d’envoyer un message, à l’instant, pour vous répondre, en direct, sur RMC et BFM TV. Pour vous répondre que la production des médicaments Sanofi, pour 40 %, se fait sur le sol français… »Donnons nos chiffres, d’abord, avant de contester les vôtres.

Sanofi, ces dix dernières années, c’est 4 000 postes de chercheurs supprimés dans le monde, 2 000 en France.
Sanofi, c’est sept sites de « R&D » vendus ou fermés, à Evreux, Porcheville, Bagneux, Rueil, Strasbourg, Toulouse, Alfortville, plus Chilly-Mazarin (en cours). Sanofi, ce sont six sites de production fermés ou vendus, à Elbeuf, Neuville-sur-Saône, Vertolaye, Colomiers, Labège, Romainville.
Sanofi, c’est l’abandon de secteurs vitaux comme les antibiotiques, la cardiologie, la neurologie, la maladie d’Alzheimer, le diabète…
Sanofi, c’est un bâtiment flambant neuf du centre de recherche de Montpellier, 107 millions d’euros, détruit la veille de sa mise en service, pour un « changement de stratégie » d’entreprise.
Sanofi, c’est, depuis trois ans, 350 brevets vendus à la concurrence. Parce que, faute de rechercher et de trouver, faute d’innover, on peut encore solder les bijoux de famille pour augmenter la « marge opérationnelle brute».Sanofi c’est, maintenant, l’activité d’approvisionnement, acheminer les médicaments jusqu’aux officines, dans des conditions techniques parfois difficiles, dans des frigos spéciaux, c’est cette activité qui va être externalisée : cédée à… DHL !

Qu’on ne s’y trompe pas : ce réquisitoire, je le dresse par amour de Sanofi. Eh oui. Sanofi, longtemps public, et qui prospère encore sur l’argent public, Sanofi devrait être notre instrument de souveraineté sur le médicament. Un outil au service du pays, de ses citoyens. A la place, médiocrement, banalement, Sanofi est avant tout au service de ses actionnaires, dépensant chaque année des milliards en dividendes et en rachats d’actions.

Et encore, je ne mentionne pas les scandales sanitaires.
La Dépakine : 35 000 enfants atteints de malformations ou de troubles neuro-développementaux, qui souffrent d’autisme, parce que vous n’avez pas indiqué à leurs mères, enceintes, les risques qu’elles encouraient. Alors que vous saviez. Et derrière, votre refus d’indemniser les familles, de prendre votre part de responsabilité, malgré les milliers de dossiers constitués auprès de l’Oniam, les décisions de justice, les demandes des autorités, jusqu’à celle de la ministre.
Mourenx, votre usine des Pyrénées-Atlantiques, qui a rejeté pendant quarante ans dans l’atmosphère jusqu’à 190 000 fois plus que le maximum autorisé de bromopropane et de valproate de sodium, deux substances cancérigènes et mutagènes.

Le Lantus, le traitement à l’insuline, contre le diabète, que vous vendez à 1300 dollars pour un mois aux Etats-Unis, et que les malades ne peuvent pas s’offrir. Des parents ont déposé les cendres de leur enfant devant votre siège, là-bas.

Le Dengvaxia, vaccin contre la dengue, et ses effets secondaires qu’on accuse d’avoir tué des centaines d’enfants. Au point que les Philippines vous attaquent en justice, jusqu’aux mises en examen, dans cette affaire, de six de vos dirigeants.

Votre fiasco dans la crise du Covid, enfin, incapables de trouver un vaccin, un remède, à cause de vos années de retard dans la recherche sur l’ARNM. Et le gouvernement français vous a récompensé, pour ce naufrage, pourtant, avec des centaines de millions de subventions…

C’est qu’il faudrait dire votre poids politique. Sanofi rime avec Macronie. Votre ancien PDG, Serge Weinberg, était le parrain en affaires d’Emmanuel Macron. Qui, depuis l’Elysée, lui a bien rendu, avec légion d’honneur et consorts, allant jusqu’à héberger dans son palais de la République une réunion du Dolder, le lobby de Big Pharma. Cette influence, dans son « Journal », l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn la déplore : devant le cynisme de votre firme, le mépris de l’intérêt général, elle va jusqu’à souhaiter un « pôle public du médicament ». Qui n’était pas vraiment dans son tempérament.

Mon prêche, vous le connaissez depuis sept années, mais c’est en général dans le désert, sans écho – du moins de votre côté.
Jusqu’à ce jeudi matin, et « la magie du direct », donc.

Que nous racontiez-vous, dans le communiqué transmis « en direct, à l’instant », à Apolline de Malherbe ? On vous cite :

« 60 à 70% de notre production se fait en Europe, dont 40 % en France. 30 à 40% en dehors d’Europe (surtout US et Canada). 5% de nos principes actifs viennent d’Asie seulement. Cet été on a annoncé 1 milliard d’euros d’investissements dans l’outil industriel en France sur les 3 prochaines années. On est le 1er investisseur en R&D en France tous secteurs confondus : 2,5 milliards par an en France. »

Allons-y, donc, pour le fact-checking.
Pour une fois qu’on peut inverser les rôles…

« 60 à 70% de notre production se fait en Europe, dont 40 % en France. »

D’où sortez-vous ces chiffres ? On l’ignore. Car depuis des années nous demandons, justement, que soit faite la transparence sur la filière du médicament. Et notamment : où produisez-vous, quelles molécules, en quelles quantités ? Alors, poursuivez sur votre lancée : informez les parlementaires, les pouvoirs publics, les salariés et leurs syndicats, les associations de patients, sur ces données. Et qu’on puisse en discuter.

Et puis : qu’entend-on par « production » ?

Il y a, d’une part, la production des principes actifs, les molécules, la matière première essentielle à la confection d’un médicament (le « vrac », comme on dit dans le jargon). Là, ce que l’on sait, c’est que Sanofi a fermé tous ses sites en France, ou presque : il n’en reste plus que deux, à Aramon et Sisteron, qui subissent eux aussi des fermetures d’ateliers.

Et puis, d’autre part, il y a la production dite « pharmaceutique » : récupérer le vrac, la matière première, le mettre dans des tablettes, et apposer le tampon Sanofi dessus.
En d’autres termes : la « production » que vous évoquez, c’est surtout de la mise en boîte.
Car la fabrication de principes actifs, elle, a bel et bien été ravagée.

« Cet été, on a annoncé 1 milliard d’euros d’investissements dans l’outil industriel en France sur les 3 prochaines années. »

Là encore, faisons, ensemble, la division, même de tête : 1 milliard sur 3 années, cela revient à 330 millions d’euros par an. C’est, de suite, moins impressionnant.
Surtout, qu’est-ce, pour vous ? Votre chiffre d’affaires annuel s’élève à 43 milliards. Votre bénéfice net consolidé à plus de 10 milliards. Les dividendes aux actionnaires, à 5,5 milliards. Bref, vous allez investir 3,3 % de votre bénéfice dans l’outil industriel en France : cela mérite-t-il vraiment des applaudissements ?

« On est le 1er investisseur en R&D en France tous secteurs confondus : 2,5 milliards par an en France. »

Là encore, reste à savoir ce qu’on entend par « investir dans la recherche et le développement »
Car quelle est votre grande astuce, votre tour de passe-passe géant, depuis une dizaine d’années ? Faire passer pour de la « R&D » le fait d’acheter, très cher, des brevets clé en main à des start-up. Ou alors, nouer des « partenariats ».

Tandis que, dans le même temps, vous fermez très concrètement vos sites de « Recherche & développement ». Alors même que vous avez perçu, depuis dix ans, plus d’un milliard d’euros de l’Etat en Crédit impôt recherche – sans même parler du CICE et autres subventions.

On pourrait poursuivre ainsi longuement.

Mais on a une meilleure idée, que nous a soufflée, en fait, Apolline de Malherbe en personne.
« Moi, je suis prêt à avoir une discussion avec les dirigeants de Sanofi sur le sujet, je lançais, à l’antenne, en guise de conclusion.
– Et moi, je suis prête à l’organiser, répondait la présentatrice.
– Eh bien, organisez-la ! »

Alors allons-y : débattons, au grand jour, en pleine lumière, d’un sujet qui concerne tous les Français ! La production qui se balade à travers le monde, soumis aux aléas du marché et au profit des actionnaires ? Ou un grand pôle public du médicament, organisé, contrôlé par la démocratie, et au service des citoyens ?

Madame de Malherbe, la balle est dans votre camp !

Bien à vous,
François Ruffin.

Tour de France pour la santé

Tour de France pour la Santé

Soirée de lancement le 11 septembre 2023

à partir de 18H00 Salle Eugène Hénaff

29 boulevard du Temple. 75003 Paris. Métro République

La politique sanitaire du gouvernement aggrave toujours plus la crise de notre système de santé. Les tensions sur les services hospitaliers et les fermetures des services d’Urgences sur l’ensemble du territoire en témoignent. Le “Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale” promet un nouveau tour de vis, doublement des franchises médicales, participation forfaitaire d’un euro sur les consultations, quatrième jour de carence sur les arrêts de maladie, transfert des dépenses vers les complémentaires santé dont les prix vont encore exploser.

Une mobilisation citoyenne s’impose pour défendre le droit à la santé !

Plus d’une cinquantaine d’organisations et de collectifs se mobilise pour l’accès aux soins pour toutes et tous, pour l’obtention d’un budget de la Sécurité Sociale pour sortir de la crise sanitaire et répondre aux besoins des populations. Ils s’engagent dans la construction d’un « Tour de France pour la Santé ».

Le lundi 11 septembre, soirée de lancement avec des prises de paroles, témoignages, artiste(s).

Avec les témoignages de Christophe Prudhomme, médecin urgentiste, Olivier Milleron cardiologue à l’hôpital Bichat, d’une sage-femme de la maternité des Lilas, d’un-e membre de Médecins du Monde,

Avec Nicolas Da Silva auteur du livre “La bataille de la Sécu”
Et la participation de responsables syndicaux nationaux : Benoît Teste FSU, Murielle Guilbert de l’Union Syndicale Solidaires, nous attendons la réponse d’autres organisations. Avec des intermèdes musicaux : Thérèse, et d’autres…

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Faire du médicament un bien commun: une alternative aux Big Pharma ?

RENCONTRE-DEBAT

Organisée par Médicament Bien Commun

Samedi 21 octobre de 10 h à 17 h

Bourse du travail de Paris 3, Rue du Château d’Eau, Paris 10e

Salle Jean JAURES

Face aux pénuries de médicaments, notamment d’intérêt thérapeutique majeur, aux pressions du lobby pharmaceutique pour obtenir des prix de vente toujours plus élevés, force est de constater que le système actuel d’accès aux soins et aux médicaments ne répond pas à sa mission en France et dans le monde.

Les industries du médicament sont devenues des monstres financiers en situation de monopoles, ayant pour seule boussole le profit et la valorisation du capital, confortées dans cette stratégie par les politiques d’application des brevets sur les médicaments. Dans la tension de la pandémie, les droits de propriété intellectuelle (ADPIC) se sont avérés être un obstacle à l’accès aux vaccins et aux médicaments, pour tous les pays.

Nous pensons nécessaire de questionner la validité des brevets, en particulier sur cet argument maintes fois répété, de stimulation ou de protection de la recherche & développement. De dénoncer les accords « ADPIC Plus » qui minent la capacité des gouvernements à réglementer le secteur pharmaceutique.

Nous considérons que les droits de propriété intellectuelle, relatifs aux médicaments essentiels et autres technologies médicales, ne doivent pas être régis par l’OMC et les accords commerciaux, mais par les acteurs impliqués (chercheurs, pharmaciens, soignants…), les institutions de santé publique et la société civile.

Avec d’autres, nous pensons nécessaire d’interpeller plus vigoureusement les responsables politiques(gouvernements, parlementaires) pour s’opposer aux conditions imposées par les lobbies pharmaceutiques, de production et de distribution des produits de santé dans le monde, génératrices de profondes inégalités d’accès aux médicaments. De plaider pour la gratuité de l’accès aux connaissances, la circulation de l’information scientifique, pour l’indépendance de la recherche par un financement public à la hauteur. De plaider pour un service public de la santé, incluant des modes de recherche et de production alternatifs de médicaments comme communs, accompagné d’une refonte de la Sécurité sociale.

L’objet de cette rencontre/débat est de comprendre et analyser les enjeux du modèle économique actuel, d’exprimer à plusieurs voix les alternatives possibles et de joindre tous les efforts pour convaincre une majorité. Ces questionnements seront abordés au cours de deux tables rondes portant sur

  • La caractérisation du modèle économique du médicament dans ses dimensions économiques, sanitaires et sociales. Le rôle de la propriété intellectuelle et l’application des brevets.
  • Les alternatives possibles pour rendre le médicament non-appropriable.

Chaque partie comprendra l’intervention d’acteurs.trices, analystes et témoins des faits étudiés. Une large part sera accordée au débat avec le public.

PROGRAMME

Accueil à partir de 9 h 30

10 h – 1ÈRE TABLE RONDE :

La caractérisation du modèle économique du médicament dans ses dimensions économique, sanitaire et sociale. Le rôle de la propriété intellectuelle et l’application des brevets. 

Avec les contributions de :

  • Fabien Mallet, syndicaliste Sanofi : Pourquoi les pénuries de médicaments, vu de l’intérieur d’une Big pharma.
  • Laurence Cohen, commission du Sénat : Lobby pharmaceutique ou du côté des politiques et décideurs.
  • Michael Sankara, juriste : Focus sur la propriété intellectuelle et son rôle pivot du modèle économique de l’industrie pharmaceutique.
  • Christophe Prudhomme, médecin urgentiste : Entre les prix élevés et les pénuries, les difficultés d’accès aux soins.

Échange avec le public

11 h 50 : Introduction à l’approche par les communs comme modèle alternatif au modèle économique capitaliste sur cette question de la santé et du médicament 

  • Contribution de Frédéric Sultan (Remix the commons)

12 h 45 -14 h : Pause déjeuner

14 h : 2ÈME TABLE RONDE :

Quelles approches possibles pour rendre le médicament non-appropriable

Avec les contributions de :

  • Gaëlle Krikorian, sociologue et Bernard Dubois, MBC : Produire autrement du médicament comme un commun, cas concret.
  • Maurice Cassier, sociologue : Appropriation sociale du médicament : 3 expériences alternatives dans le domaine de la R&D et de la production pharmaceutique.
  • Frédérick Stambach, médecin généraliste : Le pôle socialisé du médicament, un projet politique global.

15 h 30 : A VOUS LA PAROLE

Vos réflexions, vos propositions, pour construire ensemble ces alternatives

16 h 50 : CONCLUSION

Une Agence de l’Innovation en Santé : pour quoi faire ?

 

Dans la continuité du « plan innovation 2030 » de juin 2021, voulu par le président Macron, prévoyant 7.5 milliards d’euros pour faire de la France « un pays leader en innovation de santé et contribuant à sa souveraineté en santé », a été lancée, en octobre 2022, l’Agence de l’innovation en santé (AIS). Son objectif est de contribuer à poursuivre et simplifier les travaux visant à accélérer l’accès aux innovations de santé, poste clé de la compétitivité pharmaceutique française.

La mise en place de l’AIS est présentée, selon Antoine Largier[i], comme une prise de conscience, en France, de l’intérêt d’intégrer les innovations, en utilisant au mieux les potentialités, en vrac, de la thérapie génique, des biotechnologies, des exploitations des données de santé et de l’intelligence artificielle (IA), aux pratiques médicales et aux parcours de soins des patients. Les enjeux seraient l’efficacité du système de soins, la croissance économique et la souveraineté sanitaire française, l’objectif final étant le bénéfice du patient.

Bruno Bonnell (Secrétaire général pour l’investissement), chargé de France 2030, et Lise Alter (Directrice de l’Agence de l’innovation en santé)[ii] précisent « Accélérer l’accès des patients aux innovations en santé, cela passe […] par un soutien massif à la Recherche pour transformer [….] les passerelles public/privé » Ce qui se traduit par un budget supplémentaire de 1.2 milliards d’euros attribué par la puissance publique pour soutenir la recherche biomédicale dans l’hexagone.

Pour le Leem[iii], le secteur pharmaceutique en France serait sur une pente décroissante, nécessitant de fortes mesures pour augmenter l’attractivité du pays dans ce domaine. Elles correspondent aux exigences des entreprises du médicament, à la recherche de nouveaux débouchés, qui n’hésitent pas à faire jouer la concurrence entre les États pour obtenir des évaluations de médicaments simplifiées, des délais d’accès au marché raccourcis, la promotion des partenariats public/privé, ou encore la révision du financement des médicaments. Message reçu 5/ 5 par nos dirigeants qui en ont fait la feuille de route de l’AIS.

Parmi les missions de l’AIS figure la création d’un écosystème constituant une force  d’attractivité pour l’installation d’industriels de santé d’envergure internationale, à travers l’émergence de bioclusters conduisant à l’établissement de partenariats durables et productifs entre équipes académiques et industrielles. Cinq sont prévus sur le territoire. Le premier de ces bioclusters à voir le jour est celui de Paris-Saclay cancer cluster (PSCC), pour accélérer la lutte contre les cancers. C’est un regroupement de compétences sur un même territoire (Gustave Roussy, Institut polytechnique de Paris, Inserm, Sanofi, Université Paris-Saclay), la priorité étant donnée aux projets de recherche avec un fort potentiel de transfert rapide vers l’industrie.

Le tapis rouge est déroulé pour les entreprises. De l’aveu même du cofondateur et président de l’association PSCC, Eric Vivier, « [ce cluster] disposera d’une offre intégrée proposant aux entreprises de trouver ce dont elles ont besoin selon leurs projets : expertise, accès à une plateforme technologique, accès facilité pour le lancement d’essais cliniques, financement de jonction entre deux levées de fonds »[iv].

« Des supports financiers, immobiliers et juridiques sont également prévus pour faire de cet écosystème un projet global et cohérent délivrant rapidement de nouveaux médicaments. Le PSCC bénéficiera dans ce cadre d’un soutien étatique de 100 M€ maximum sur dix ans»[v].

La politique industrielle du plan Innovation Santé 2030, de mise au service des firmes pharmaceutiques, par l’AIS, des institutions de recherche (Inserm- CNRS), des institutions de régulation et des fonds publics profite-t-elle à la souveraineté sanitaire du pays ? Les entreprises privées jouent-elles vraiment le jeu de maintenir leurs activités en France, perpétuel motif de chantage : la production et des emplois maintenus dans le pays  contre des facilités permettant d’optimiser leur compétitivité.

Sanofi[vi], la seule entreprise du médicament, semble-t-il, au cœur du PSCC, devrait être la grande bénéficiaire de toutes les attentions qui y sont déployées. Elle affirme qu’il lui parait essentiel de participer à la création de cet écosystème R&D de Paris-Saclay et prévoit même des investissements pouvant aller jusqu’à 150 millions d’euros sur dix ans. Dans le même temps, en juillet 2022, l’entreprise[vii] décide la fermeture du site de Chilly‐Mazarin/ Longjumeau, à proximité du PSCC, laissant le président de l’agglomération Paris‐Saclay, Grégoire de Lasteyrie, dans la plus grande incompréhension, face à cette regrettable décision, de ce qu’il qualifie « une opportunité manquée de profiter d’un écosystème R&D unique en France»[viii]. Décision qui remet en question l’avenir de 1500 salariés travaillant sur le site. Au printemps 2023, Sanofi évoque la suppression de 265 postes dans les vaccins sur le site de Marçy l’Etoile, puis de 140 postes dans la fabrication de médicaments de synthèses sur les sites d’Aramon et de Sisteron, en fermant deux ateliers de production chimique polyvalents.

Sanofi serait-il un partenaire peu fiable, jouant sur les deux tableaux : intérêt pour des partenariats avantageux, accumulation des aides publiques de l’Etat – un milliard d’euros perçu en dix ans via le crédit impôts recherche (CIR) – tout en poursuivant imperturbablement sa politique de réorganisation pour « adaptation aux besoins des marchés », en appliquant une stratégie de délocalisation et d’externalisation hors de France de ses activités[ix]? Ou est-ce un scénario plus général?

Attiré par l’effet d’aubaine, le groupe Servier s’invite sur le plateau de Saclay avec un projet de regrouper la majeure partie des salariés de ses différents sites R&D (1500 à terme), mais au prix de quatre Plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) impactant 67 emplois sur le site de Gidy et 80 sur le site d’Orléans.

D’autres entreprises, telles que Novartis, ont manifesté leur intérêt pour les bioclusters. En septembre 2021, cette entreprise avait jeté son dévolu sur le site des Ulis, centre de production de thérapies géniques et cellulaires, détenu alors par LFB[x], bénéficiant, pour accélérer la production de Kymriah[xi]puis de nouvelles thérapies en ophtalmologie, de 800 000 euros du plan de relance. En mars 2023, elle annonce qu’elle va arrêter la production de la thérapie cellulaire aux Ulis, mettant en sursis 209 salariés du site, qui vont s’ajouter aux 530 suppressions de postes en France, prévus par le  plan « transforming for growth » mis en œuvre début 2023.

Citons encore MSD, qui vante d’un côté la qualité des chercheurs, des soignants, et du réseau hospitalier en France, ainsi que son crédit impôts recherche, et de l’autre prévoit un PSE qui va supprimer 52 postes en santé humaine dans l’hexagone.

Il n’y a guère que Pfizer[xii], qui, considérant que les instituts de recherche publique français sont parmi les plus innovants au monde, promet d’investir 500 000 euros pour soutenir la recherche et la production en France, sans – pour l’instant-accompagner cette décision d’un plan de restructuration. Il est vrai que la situation de Pfizer est particulière : la vente du vaccin contre le Covid lui a fait gagner 31 milliards de dollars en 2022.

Les exemples cités confirment que ce n’est ni l’utilité sociale, ni le bien-être économique du pays qui guident les entreprises pharmaceutiques. Comme pour n’importe quelle entreprise capitaliste, seules les attirent les conditions qui favorisent l’essor de leurs activités permettant une accumulation des richesses. L’emploi, les conditions de travail, la rémunération et les horaires des salariés ne sont que des  variables d’ajustement de l’optimisation de la rentabilité.  Seule compte pour ces firmes la course à la compétitivité, et les innovations médicales leur sont essentielles pour se réinventer et se renforcer face à la très féroce concurrence des géants du Web, Google, Microsoft, Amazon, qui s’immiscent dans le domaine de la santé.

Ces géants bénéficient d’une colossale puissance financière et ont l’accès aux Big Data de la santé, fantastique mine à exploiter, véritable eldorado prometteur de croissance économique. Les industries pharmaceutiques (IP) entendent bien en profiter, en surfant sur leur bonne implantation dans l’écosystème de recherche en France et en Europe, et en s’attirant les faveurs des puissances publiques pour minimiser  leur prise de risque. Elles usent de leur position monopolistique pour exercer des pressions sur les pouvoirs politiques, afin que le droit et la fiscalité soient à leur avantage, sans pour autant se sentir redevables envers les États. Elles ne connaissent d’obligations qu’envers leurs dirigeants et leurs actionnaires aux appétits insatiables.

Il est alors légitime de se demander en quoi les mesures d’incitations décidées par l’AIS pour augmenter l’attractivité de la France en matière d’innovation sont bénéfiques aux patients. L’accent est mis sur l’accès précoce des patients à des thérapies innovantes, ce qui se traduit dans les faits par une évaluation clinique en vie réelle, qui amène à administrer des thérapies dont les effets secondaires ne sont pas connus[xiii]. Outre les problèmes éthiques que peuvent générer de telles pratiques (consentement éclairé du patient, critères d’inclusion dans l’essai), l’administration d’un traitement innovant exige une réorganisation des équipes hospitalières pas toujours anticipée en termes de moyens, pouvant mettre en danger la santé des patients. Malgré les efforts consentis par les institutions, de simplification de la réglementation et d’autorisation de mise sur le marché plus rapide, les IP persistent à commercialiser les thérapies innovantes à des prix exorbitants. Exemple : le Zolgensma[xiv] est vendu 9 millions d’euros la dose unique, le Nusinersen[xv] (Spinraza), un médicament à la balance bénéfice-risque incertaine, revient à environ 500 000 euros la première année, puis 250 000 euros par an les années suivantes, ou encore l’Hemgenix[xvi], commercialisé par le laboratoire américain CSL Behring[xvii], vendu 3,5 millions de dollars la dose unique. De leur point de vue, c’est justifié en raison de l’importance des investissements pour leur développement. Et de l’espoir offert – assimilé au prix de la vie- aux malades atteints de cancers ou de maladies rares (par exemple, l’amyotrophie spinale), jusqu’alors sans traitements efficaces, de guérison ou de survie plus longue avec une meilleure qualité de vie. Ces espoirs sont compromis par l’impossibilité de la sécurité sociale de rembourser ces traitements pour tous, l’obligeant à sélectionner les personnes pouvant en bénéficier. Cette mise à mal du système de remboursement par les assurances maladie ne fait qu’aggraver les inégalités d’accès aux soins, non seulement entre les pays du Nord et ceux du Sud, mais aussi entre toutes les populations de tous les pays.

Par ailleurs, toutes à leur nouveau paradigme de productions innovantes en santé, les entreprises du médicament délaissent les molécules plus anciennes, jugées d’une rentabilité insuffisante, le plus souvent tombées dans le domaine public, donc soumises à une réglementation de commercialisation moins avantageuse que celle des princeps, protégés par les brevets. Les patients sont ainsi confrontés à la double peine des traitements innovants à des prix trop élevés qui en limitent l’accès, et des pénuries de médicaments, notamment d’intérêt thérapeutique majeur (3750 spécialités manquent à l’appel en 2023 – 40 en 2008), causant des pertes de chance pour toutes les personnes malades.

Il est dans l’ADN néolibéral, incarné par le président Macron, de considérer que l’innovation est le moteur de la croissance économique et que de l’accroissement des richesses des entreprises résulte la prospérité des populations sur le territoire. Ce pourrait être vrai si les aides financières, fiscales, réglementaires, étaient soumises à des conditionnalités contraignant les entreprises à contribuer, à la hauteur de leur profit, à la modernisation du pays et au développement de la société.

Or il n’est pas imposé aux entreprises de prendre en compte les externalités, en l’occurrence négatives, de leurs décisions en matière d’emploi, ou de leur réponse à des besoins fondamentaux, tels que l’accès aux soins et médicaments, en pratiquant des prix justes. Sur le long terme, ce soutien inconditionnel aux groupes privés de la pharmacie présente des effets pervers, notamment en en privant les services publics de la santé et les hôpitaux entraînant leur dépérissement et aggravant les difficultés d’accès aux soins de la population.

Par ailleurs l’augmentation du nombre de start-up[xviii] dans le domaine de la santé, de 457 en 2013 à 720 actuellement, dont se glorifie le gouvernement français, est en réalité un  indicateur de rentabilité à court terme. Ces structures captent les compétences des institutions publiques et les découvertes issues de leurs recherches (financées principalement par les fonds publics). Elles assument, à la place des multinationales, la prise de risque du développement clinique des produits. Quand un produit est mature pour son exploitation industrielle et commerciale, elles se font racheter par les multinationales qui accaparent la plus-value. Phénomène qui est protégé de la critique.

Contrairement à ce que le gouvernement continue à vouloir faire croire, il ressort que ni la souveraineté sanitaire, ni le bien-être de la société, ni les patients ne sont réellement bénéficiaires de cet arbitrage des politiques publiques en faveur de la croissance des firmes privées. Ces dernières en sont les seules gagnantes comme en témoignent les chiffres d’affaires, toujours en progression : en 2022[xix] 43 milliards d’euros pour Sanofi, 49 pour MSD, 51,6 pour Novartis et 56 pour Pfizer.

Le développement accéléré de l’innovation en santé, prétexte à des financements massifs du secteur privé de la pharmacie, imposé par le haut, est à remettre en cause. Il ne s’agit pas de refuser l’innovation et le progrès, mais d’œuvrer pour des modèles économiques et industriels réellement au service de finalités collectives. Des solutions alternatives pourraient émerger d’une réflexion qui partirait des besoins de la population, en concertation avec l’ensemble des acteurs de la chaîne de production des biens et services de santé. La mise en place d’une organisation plus participative nécessite une volonté politique forte, s’appuyant sur l’ensemble de la société qui doit prendre conscience des enjeux de démocratisation de l’accès durable aux innovations thérapeutiques et aux soins. La réappropriation par les citoyens du système de santé, mettant fin à son exploitation capitaliste, permettrait de redonner la primauté aux droits sociaux fondamentaux sur les intérêts économiques.

Médicament Bien Commun : 08-06-2023

Références et notes

[i] https://grandanglesante.fr/dossiers/innovation-sante/innovation-sante-les-conditions-du-succes-francais/

[ii] https://grandanglesante.fr/dossiers/innovation-sante/accelerer-simplifier-anticiper/)

[iii] Leem : Les entreprises du médicament ; La France figure au 4ieme rang des pays producteurs de médicaments en UE, derrière la Suisse, l’Allemagne, et l’Italie, après avoir été leader de 1995 à 2008

[iv] (https://www.gustaveroussy.fr/fr/paris-saclay-cancer-cluster-lancement-operationnel-gustave-roussy)

[v] (https://pharmaceutiques.com/actualites/ecosysteme/le-paris-saclay-cancer-cluster-entre-dans-sa-phase-operationnelle/)

[vi] Sur Sanofi et le PSCC : l’objectif pour Sanofi est d’accéder à des échantillons de tumeurs de patients, fournis par l’Institut Gustave Roussy, de manière à pouvoir les étudier grâce à des matériels modernes et performants qui permettent des analyses cellule par cellule et en 3D. Cela permettra de comprendre la diversité de la population de cellules et voir celles qui développent une résistance au traitement et par quels mécanismes. Derrière, des équipes de biostatisticiens (un métier très recherché) de l’IGR aideront à en tirer des informations pertinentes. Ces données pourraient théoriquement servir à faire progresser la compréhension des phénomènes d’échappement des tumeurs aux traitements, en pratique ils serviront à cela uniquement en lien avec les produits de Sanofi et eux seuls. Au lieu de profiter à la recherche en général, cela aidera d’abord Sanofi à disposer d’un avantage compétitif par rapport aux autres labos qui n’ont pas tous accès à ce type d’information.

[vii] A propos de Sanofi et du Paris Saclay Cancer Cluster (PSCC) : au moment de l’arrêt de la R&D en Neurologie et Maladies Rares à Chilly-Mazarin (il y a deux ans), qui a précédé de quelques mois l’annonce de la fermeture et du transfert des activités à Gentilly et Vitry, nous avions proposé en tant qu’experts du CSE-C (Ethos et Syndex) un projet qui a ensuite été porté par l’ensemble du CSE-C (avec la CGT comme moteur, mais c’est le CSE-C de l’époque qui l’a repris à son compte). Ce projet s’appuyait sur la technologie de franchissement des barrières (dont la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau, et les barrières tumorales, qui protègent les tumeurs) mises au point par des équipes de Chilly-Mazarin. Il défendait l’idée de réutiliser les compétences en neurologie pour développer un pôle de neuro-oncologie afin de mettre au point des traitements des tumeurs cérébrales et neurologiques, notamment chez les enfants (cela fait partie des tumeurs les plus fréquentes chez les enfants avec les leucémies, mais elles manquent cruellement de traitements efficaces). La technologie de franchissement des barrières servirait pour que les médicaments atteignent les cellules cérébrales malades. Elle pourrait aussi être utilisée plus largement dans d’autres types de cancers pour que des traitements pénètrent à l’intérieur des tumeurs solides. Cela aurait permis à la fois de conserver des emplois et des compétences et de redévelopper toute une activité susceptible d’aboutir à des traitements innovants utiles pour sauver des vies, tout en s’inscrivant dans le pôle Oncologie de Sanofi où la France a le rôle principal. L’existence de différentes structures dans « l’écosystème » parisien travaillant sur le cerveau ou sur les tumeurs cérébrales était un atout supplémentaire. Sur le moment, la direction de Sanofi a été bien embêtée par cette proposition, elle a dit vouloir y réfléchir et réserver sa réponse. Celle-ci est tombée un peu plus tard, en plein été : négative, bien entendu, car « non conforme à la stratégie » (sous-entendu : pas de perspectives d’aboutir à court terme). Comme quoi il peut y avoir tout un « écosystème » et de nombreux atouts dont des compétences internes reconnues, les labos ne se lanceront dans des recherches que s’il y a de l’argent public à la clé et que si les traitements visés ont l’assurance de procurer des bénéfices rapidement, et tant pis pour les enfants (et les adultes) malades.

[viii] https://mesinfos.fr/ile-de-france/fermeture-du-site-de-sanofi-a-chilly-mazarin-et-longjumeau-paris-saclay-regrette-la-decision-111469.html

[ix] Dans ses restructurations successives, Sanofi a décidé de quasiment spécialiser la France sur l’Oncologie et de regrouper toute sa Recherche à Vitry. Dans Sanofi, l’Oncologie se partage entre la France (premier site) et les Etats-Unis ; l’Immuno-inflammation entre l’Allemagne (premier site), les Etats-Unis et une toute petite équipe en France ; et la Neurologie, les Maladies Rares et les Maladies Rares du Sang aux Etats-Unis, avec aussi les thérapies géniques et cellulaires. (Je mets de côté les Vaccins). Or, la R&D de Sanofi patine en Oncologie tandis qu’elle connaît des succès dans l’Immuno-inflammation, les Maladies Rares et les Maladies Rares du Sang, et peut-être la Neurologie (à confirmer). Des ressources importantes vont donc être consacrées au développement de ces nouveaux produits, ressources qui seront prises sur d’autres budgets, peut-être bien sur l’Oncologie. Donc oui, malgré tout le discours sur le PSCC et l’écosystème, il est tout à fait possible et vraisemblable que Sanofi procède à une restructuration affectant l’oncologie et le site de Vitry dans les deux ans qui viennent.

[x] https://www.groupe-lfb.com/le-groupe/une-place-particuliere-en-france/un-acteur-industriel-de-sante/

[xi] Kymriah (tisagenlecleucel) est un produit à base de cellules autologues génétiquement modifiées contenant des lymphocytes T transduits ex vivo au moyen d’un vecteur lentiviral exprimant un récepteur antigénique chimérique (CAR) anti-CD19 comprenant un fragment variable à chaîne unique anti-CD19 murin (scFV) lié par une région transmembranaire charnière CD8 humain à une chaîne de signalisation intracellulaire du domaine co-stimulateur 4-1BB (CD137) humain et au domaine de signalisation CD3-zêta.

[xii] Sur Pfizer, il n’y a peut-être pas de restructuration à l’heure actuelle mais ce groupe qui dit investir dans la recherche et la production n’a plus d’usine en France alors qu’il en avait plusieurs dans les années 1990-2000 : toutes ont abouti dans l’escarcelle des sous-traitants / façonniers, que ce soit en production pharmaceutique (Angers, Amboise, Orléans, Val-de-Reuil) ou en chimie. Par contre, il est vrai que ce groupe génère toujours une activité industrielle très significative chez certains sous-traitants en France, notamment en chimie et pas seulement dans ses anciennes usines. Les investissements chez Axplora (ex-Novasep) à Mourenx, en lien avec l’antiviral anti-Covid-19 Paxlovid de Pfizer, sont l’exemple le plus connu, mais ce n’est pas le seul.

[xiii] Voir notre article publié le 7-12-2021 : http://medicament-bien-commun.org/faut-il-adopter-de-nouveaux-standards-en-matiere-de-R&D

[xiv] thérapie issue de la recherche de l’AFM-Téléthon et  développée par Novartis, destinée aux patients souffrant  d’amyotrophie spinale (SMA), une maladie orpheline.

[xv] Médicament utilisé dans le traitement de l’amyotrophie spinale 5q (associée à une délétion ou une mutation du gène SMN1 du chromosome 5)

[xvi] Traitement destiné aux patients souffrant d’hémophilie B, une maladie hémorragique rare qui peut entraîner de sévères complications.

[xvii] La société CSL Behring est bel et bien américaine, mais ce n’est qu’une filiale du groupe CSL qui est, lui, australien. Le nom CSL Behring accole à CSL celui de Behring qui est l’ancien pôle dérivés sanguins de feu le groupe allemand Hoechst puis Aventis Behring, racheté par CSL en 2004. Le fait que le siège de CSL Behring ait été mis aux Etats-Unis est juste un choix en lien avec l’importance des Etats-Unis comme lieu de collecte du plasma et de vente des dérivés sanguins

[xviii] Sur les start-up, il y a aussi le problème du bluff fréquent sur les résultats cliniques, pour « attirer des investisseurs » c’est-à-dire lever des fonds privés ou publics afin de poursuivre leurs travaux ou du moins prolonger leur propre existence jusqu’à la prochaine communication positive, spécialement pour celles qui sont cotées en bourse (mais pas seulement). Cela peut fonctionner pendant des années avant que la vérité moins reluisante n’éclate et que la start-up dont le projet était bancal depuis le début ne se casse la figure. Ce phénomène n’est pas exceptionnel, il est fréquent. Heureusement, de temps en temps, une start-up trouve vraiment quelque chose…

[xix] https://www.usinenouvelle.com/article/le-top-10-des-plus-grands-laboratoires-pharma-dans-le-monde.N2043202

 

Pénuries, racket de la sécu par les labos: “il faut un pôle public du médicament”

Débat animé par Mathieu Magnaudeix de Mediapart A l’air libre, avec la participation de:

  • Rozenn Le Saint, journaliste, auteure de “Chantage sur ordonnance, comment les labos pharmaceutiques vident les caisses de la sécu”, aux éditions du Seuil
  • Irène Frachon, pneumologue et lanceuse d’alerte, auteure de “Mediator, un crime chimiquement pur “, aux éditions Delcour
  • Olivier Maguet, Médecins du Monde
  • Damien Maudet, député La France Insoumise

Bonne écoute …

Vous pouvez réagir, donner votre opinion sur ce débat, apporter un témoignage, en écrivant un commentaire en fin d’article.

 

Nous Personnel-le-s et Usager-ère-s de la Santé, du Social et du Médico-social, Nous vous accusons !

Nous Personnel-le-s et Usager-ère-s
de la Santé, du Social et du Médico-social,

Nous vous accusons !

Vous, Emmanuel Macron et les gouvernements précédents, d’avoir mené des politiques mettant désormais en péril la santé de la population, dans toutes ses dimensions, physique, psychique et sociale.

Nous vous accusons d’avoir fait dangereusement progresser les déserts médicaux. Ainsi, 15 millions de personnes n’ont plus accès à un médecin traitant et les délais d’obtention d’un rendez-vous chez un spécialiste ou un paramédical, orthophoniste, kiné… s’allongent indéfiniment

Nous vous accusons d’avoir multiplié les obstacles financiers à l’accès aux soins : dépassements d’honoraires qui atteignent 3,5 milliards d’euros en 2021, franchises médicales, forfaits, restes à charge, remise en cause de l’AME pour les sans-papiers. Avec pour conséquence 30% des personnes qui reportent leurs soins et une forte progression des tarifs des mutuelles.

Nous vous accusons d’avoir organisé la casse de l’hôpital public, comme l’ont révélé la crise covid et la crise des Urgences

  • Suppressions massives de lits (4100 en 2021 en pleine pandémie), fermetures de services d’accueils d’urgence, de maternités, de centres d’IVG, démantèlement des hôpitaux de proximité vidés de la plupart de leurs activités, ayant abouti à priver des territoires entiers d’accès aux soins hospitaliers
  • Destruction du secteur psychiatrique public ne permettant plus la continuité des soins psychiques en hospitalisation et en ambulatoire
  • Concentration des établissements sanitaires et sociaux, privatisation et marchandisation rampante
  • Etranglement financier et gestion de l’hôpital comme une entreprise de production, dont la tarification à l’activité (T2A) est la signatureNous vous accusons d’avoir institué des politiques managériales génératrices de souffrance pour les personnel-le-s, non reconnu-e-s, maltraité-e-s, contraint-e-s à la démission, et de faire preuve de mépris vis-à-vis de ces métiers féminisés sous-payés du soin et de l’accompagnement.Nous vous accusons de mettre en œuvre une déshumanisation du soin, de l’accompagnement médico-social et social, par une protocolisation à outrance et des pratiques inadmissibles et dégradantes d’isolement et de contention qui se multiplient en psychiatrie mais aussi dans les EHPADs et dans d’autres secteurs de soins.Nous vous accusons d’avoir fait le choix de l’austérité budgétaire conduisant à une insuffisance criante de soignant-e-s et de personnel-le-s dans tous les secteurs de la santé du médico-social et du social.

    Nous vous accusons de carences graves dans les politiques d’accompagnement et de soins des personnes en perte d’autonomie, à domicile et en institution comme le scandale Orpéa l’a encore démontré.

Nous vous accusons d’inaction coupable face aux pénuries de médicaments, aux prix scandaleux exigés par les laboratoires pharmaceutiques qui ponctionnent la Sécurité Sociale, aux scandales sanitaires.

Nous vous accusons d’avoir laminé la médecine préventive à l’école et au travail, supprimé les comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et d’avoir abandonné une authentique politique de prévention sanitaire (malbouffe, maladies professionnelles et accidents de travail, pollution de l’air, pesticides, pollutions industrielles, pandémies, filtration de l’air intérieur, …).

Nous vous accusons d’inaction coupable face aux inégalités sociales de santé.

Nous vous accusons d’avoir considérablement affaibli la Sécurité sociale par des exonérations récurrentes de cotisations sociales pour les entreprises.

Nous vous accusons de conduire des politiques sociales déshumanisantes, maltraitantes envers les populations et les personnel-le-s de la santé du social et du médico-social, d’avoir oublié qu’une politique de santé et de prévention se bâtit avec les populations.

Personnel-le-s et Usager-ère-s, mobilisons-nous tou-te-s ensemble, pour contrer ces politiques et porter nos exigences :

  • D’un accès aux soins et à un accompagnement social pour toutes et tous sur tout le territoire sans discrimination financière, géographique, culturelle, numérique, sociale, de genre, d’origine et de situation administrative.
  • De la suppression des dépassements d’honoraires, vers la suppression des restes à charge.
  • D’un Service public de santé de premier recours sur tout le territoire avec ouverture de centres de santé pluriprofessionnels, pour permettre une répartition des professionnel-le-s de santé en fonction des besoins.
  • D’un Service public hospitalier présent sur tout le territoire, répondant à l’ensemble des besoins de la population.
  • De réouvertures de lits, de services, d’hôpitaux de proximité, de maternités, de centres d’IVG…partout où cela est nécessaire, selon les besoins définis par les professionnels (médecins ou non), les usager-ère-s, associations, élu-e-s…
  • D’un accès direct à un service d’urgence à moins de 30 minutes.
  • Du retour à une réelle politique de secteur en psychiatrie.
  • D’un arrêt des fermetures de lits et de services.
  • De la définition d’un nombre maximum de patient-e-s par soignant-e et par activité, co-élaboré avec les équipes soignantes et les usager-ère-s
  • D’un plan de formation à la hauteur des besoins, de l’instauration d’un pré-salaire étudiant, de moyens octroyés immédiatement pour ouvrir les places nécessaires dans les écoles et universités.
  • De recrutements à la hauteur des besoins, co-évalués par unité avec les personnel-le-s, usager-ère-s, dans tous les établissements sanitaires et médico-sociaux
  • De la reconnaissance des professionnel-le-s de santé par des mesures salariales et statutaires prenant en compte l’engagement, la responsabilité, la formation et la pénibilité.
  • De la participation effective aux décisions des personnel-le-s, de toute catégorie, de santé, du social et du médico-social, et des usager-ère-s.
  • De la reconnaissance du médicament comme bien commun, et non comme marchandise, pour permettre un accès au meilleur prix.
  • De la reconquête et du renouvellement de la Sécurité Sociale, avec un 100% Sécu, un financement à la hauteur des besoins, le retour à une gestion par les représentant-e-s des usager-ère-s et assuré-e-s sociaux.
  • De la sortie de la gestion marchande du système de santé et de la politique d’austérité imposée par l’ONDAM (Objectif National des Dépenses d’Assurance Maladie), avec son enveloppe fermée qui empêche de répondre à la satisfaction des besoins.
  • D’une modification de la loi de finance de la Sécurité Sociale dans l’urgence, dès 2023, et d’une augmentation des budgets.Il y a urgence à défendre le droit à la santé, à l’accès aux soins, à l’accompagnement social et à une protection sociale de qualité pour tous et toutes, c’est une exigence d’égalité !

Personnel-le-s, Usager-ère-s, participons nombreux-ses aux initiatives portant ces propositions et revendications et en particulier

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes,
Dans la semaine du 7 avril journée mondiale de la santé,
Le 13 mai la manifestation nationale pour les services publics à Lure.

Premiers signataires

Associations et collectifs : Act Up Sud-Ouest, Association des Médecins Urgentistes de France, Appel des appels, Association ETM46, Association nationale des sage-femmes orthogénistes, ATTAC, Coordination des Associations pour le Droit à l’Avortement et à la Contraception, CapitalExit, Cerises la coopérative, Collectif CIVG Tenon, Collectif National Droit des Femmes, Collectif antisanofric, Collectif Inter-Urgences, Comité Ivryen pour la santé et l’hôpital public, Comité de Vigilance des Services publics de Haute-Saône, Confédération internationale solidaire et écologiste, Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Europe solidaire sans frontières, Femmes égalité, Fondation Copernic, La santé n’est pas une marchandise, LaSantéUnDroitPourTous, Le fil conducteur psy, Médicament bien commun, People’s Health Movement France, Planning familial de Loire-Atlantique, Planning familial du Val de Marne, Printemps de la psychiatrie, Printemps du CARE, Résistance sociale, Stop précarité

Syndicats : Fédération CGT Santé Action Sociale, Fédération des Orthophonistes de France, Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Fédération Sud Collectivités territoriales, Fédération Sud Education, Fédération Sud Santé Sociaux, Solidaires, SUD Chimie Sanofi Montpellier, Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé-FSU, Syndicat de la Médecine Générale, Union Fédérale Médecins Ingénieurs Cadres Techniciens-CGT Santé Action Sociale, Union syndicale de la psychiatrie,

Avec le soutien des organisations politiques : ENSEMBLE!, Europe-Ecologie Les Verts, Génération.s, Gauche écosocialiste, France insoumise, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français.

contact : notresanteendanger2avril@gmail.com

Pourquoi des pénuries de médicaments ?

Depuis deux décennies, le nombre de ruptures de stock des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ne cesse d’augmenter. Il a triplé ces 3 dernières années pour atteindre 3000 molécules, fragilisant dramatiquement le système de santé.

Une des raisons officielles avancées est la mondialisation de la production de médicaments. 80 % des principes actifs vendus en Europe sont fabriqués principalement en Chine et en Inde. La moindre difficulté d’accès aux matières premières compromet la chaîne d’approvisionnement des médicaments.

Fin 2022, le gouvernement envisageait une baisse de prix de certaines molécules génériques[1]. Les fabricants de médicaments soutenus par les syndicats de pharmaciens, s’y opposent fortement, jugeant par ailleurs irréaliste la loi de 2023 de financement de la Sécurité sociale, prévoyant une baisse du budget médicament, au regard des coûts de production en augmentation via le prix des matières premières et de l’énergie. N’est pas mentionné l’explosion des aides publiques accordées aux entreprises  pharmaceutiques du CAC 40, ni la mainmise de ces dernières sur les institutions pour imposer les conditions de production et de vente de leurs produits leur garantissant des profits maximum.

Selon Thierry Hulot le président du Leem : «la spécificité française » est de pratiquer « les prix les plus bas d’Europe »[2], faisant le lien entre prix trop bas et pénuries.

Les groupes pharmaceutiques  utilisent le chantage vis-à-vis de  l’état pour satisfaire la demande d’une  augmentation de prix des médicaments! Collusion ou reddition l’exécutif a cédé en annonçant qu’il allait autoriser des hausses de prix pour certains génériques essentiels[3], « en contrepartie d’engagement des industriels » de maintenir leur production dans l’hexagone.

Voilà le cœur du problème, le médicament est pour les entreprises productrices une source de « business » comme une autre. La recherche du profit à court terme prime sur les besoins de santé de la population, plaçant la santé sous le joug du marché.

Ce modèle économique pharmaceutique exige une remise en question en profondeur, comme le démontre G. Krikorian dans son article intitulé « Médicaments : comment on a organisé la pénurie » paru dans Alternatives Economiques en mars 2023. (accessible via le lien)

http://medicament-bien-commun.org/wp-content/uploads/2023/02/Opinion-G.-Krikorian-Alternatives-economiques-02-2023.pdf

Elle analyse, dans cet article, comment est organisée la pénurie, et pourquoi cette situation ne peut être réglée « grâce à un chèque », ou » à une dérogation au principe d’annualité budgétaire », comme le préconise le ministre de la santé François Braun, en promettant « Plus jamais ça ! Cette pénurie de médicaments essentiels “[4].

Les promesses n’engagent que ceux qui y croient!

Médicament Bien Commun : 28-02-2023

[1] https://www.lexpress.fr/economie/medicaments-vers-une-baisse-des-prix-les-pharmaciens-engagent-un-bras-de-fer-avec-letat-23USLUPFHFCWNEUD773FZCRQSQ/

[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actus-medicales/medicament/penurie-de-medicaments-le-leem-pointe-les-baisses-de-prix-et-la-logique-comptable

[3] https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/tensions-d-approvisionnement-en-medicaments-francois-braun-et-roland-lescure

[4] https://www.europe1.fr/sante/penurie-damoxicilline-nous-sortons-de-crise-assure-francois-braun-4165019

 

 

 

Retraite à 64 ans, pillage de la sécurité sociale …pour leurs profits

Il est possible de se saisir des réunions d’information contre la “réforme des retraites”, pour faire le lien, retraite à 64 ans/Sécurité sociale, et montrer que les exonérations de “charges patronales” en appauvrissant les Caisses de retraite, poussent les salariés (qui le peuvent) à souscrire aux Fonds de pension.  Les Big Pharma, qui se sont enrichis grâce au remboursement de leurs médicaments, organisent leur pénurie afin de spéculer, à l’échelon européen, sur le “marché” de notre santé, au détriment de notreSécurité sociale. Ils poussent, eux aussi, à souscrire auprès des assurances… (pour ceux qui peuvent)

 A l’Ile St Denis (93450), minuscule commune populaire de 7.800 habitants (60% d’abstentions aux présidentielles au 1er Tour), s’est tenu à l’initiative du Maire (S.E.), un rassemblement visant à mobiliser la population contre la retraite à 64 ans, en présence du Député Eric Coquerel (LFI) et d’une quarantaine de personnes dont la diversité était assez proche de celle présente dans les manifs, et d’une journaliste de l’Humanité Dimanche. Un syndicaliste (CGT) ouvre le feu en rappelant à quel point ces 4 ans de plus, seront destructeurs sur les salariés déjà usés par leurs conditions de travail et de vie. Le prétexte du déficit annoncé, des Caisses de retraite (environ 13 Mds€) est alors rapproché du volume total du budget des Caisses de retraites (400 Mds€ environ). Ce rapprochement permet d’en souligner l’insignifiance (3% environ).

Le budget global des Caisses de Retraites et celui de la Sécurité sociale, représentent un total de 650 Mds€ environ (proche de celui de l’État). De quoi susciter la convoitise des financiers. Résultat de décisions gouvernementales régulièrement renouvelées, les exonérations de “charges sociales patronales” (35 Mds€, près de 3 fois le “déficit” prétendu), sont prélevées sur les salaires BRUTS. Elles appauvrissent d’autant Sécurité sociale et Caisses de Retraite. Or, ces cotisations sociales sont bien LA propriété des salariés puisque prélevées sur le salaire global (le brut). En parallèle, JAMAIS n’est évoqué l’enrichissement des actionnaires des laboratoires, grâce au remboursement, depuis 1946, de leurs médicaments par la Sécurité sociale. Ainsi SANOFI, en 2021, a versé 4,5Mds€ de dividendes. La Sécurité sociale, dans son ensemble, et les cotisations des salariés, solidaires, qui les alimentent, seraient-elles au service du profit des actionnaires au lieu de rester, exclusivement, au service de notre santé ?

De plus, en pleine épidémie COVID, SANOFI continue de licencier chercheurs et techniciens. SANOFI réprime les syndicalistes qui s’opposent à cette liquidation. SANOFI, comme les autres laboratoires, organise les pénuries de médicaments (Amoxicilline ou Paracétamol …) en France, pour les vendre, plus chers, ailleurs en Europe. Notre santé n’est pas une marchandise. L’indépendance sanitaire, au service des seuls patients, est seule, garante de la recherche libre de molécules nouvelles, et de leur mise en circulation au prix de revient, hors dividendes parasites. Notre santé n’est pas une marchandise : elle est nôtre, notre survie en dépend. Notre santé n’est pas objet de spéculation.  Les 3.000 meurtres du Médiator le prouvent, comme le prouve la mort des 1.500 enfants hémophiles irakiens, tués  par du sang, que l’on savait contaminé par le VIH, en 1989, par un laboratoire français. Notre santé doit donc être installée hors du Marché, donc hors du profit de quelques-uns.

PS:  [A postériori, il est tentant de rapprocher la centaine de victimes rescapées du séisme en Turquie, parmi 40.000 victimes ensevelies, au prix de l’effort solidaire de centaines de sauveteurs (Macron et ses supports, diraient “le coût” !!), pour mesurer l’énormité des actes du Médiator ou du sang contaminé VIH, pour servir le profit. En Turquie, il n’était aucunement question de la profitabilité de cette action, seulement de vies humaines…]

Contribution de Michel MOUREREAU

Servier ou le contraire de Primum non nocere

Face à un crime chimiquement pur comme celui du Mediator, au-delà de la culpabilité débattue actuellement en Cour d’appel au pénal début 2023, et l’indemnisation des victimes, la réponse appropriée ne devrait-elle pas passer par la socialisation des moyens de recherche, de production et de distribution de ce groupe pharmaceutique ? Le médicament sorti de la sphère marchande, dépouillé des brevets qui l’empêchent de répondre aux besoins de santé publique servirait le bien commun… Alors, premièrement il ne pourrait pas nuire.

Mais laissons Irène Frachon, pneumologue et lanceuse d’alerte, nous présenter cet ouvrage remarquable, « Mediator, un crime chimiquement pur », un album dessiné et colorisé, fruit d’un travail collectif qui vous relate comment des dérivés d’amphétamines recyclés en coupe-faim puis en antidiabétique, ont occasionné la mort et les handicaps de milliers de personnes victimes d’hypertension artérielle pulmonaire ou de valvulopathies cardiaques, bien souvent des femmes qui voulaient perdre quelques kilos. Sous des noms commerciaux divers et sur plusieurs continents, ils permirent à Servier de se hisser à la 9ème place des fortunes de France tout en recevant à plusieurs reprises des médailles du mérite et la légion d’honneur… À vous de vous faire une opinion !

Interview d’Irène FRACHON sur France Bleu Breizh

https://www.dailymotion.com/video/x8gv2t5

Regardez « Mon album breton » par Irène FRACHON, lanceuse d’alerte, sur France 3

https://youtu.be/xfRylaAnFTA

Sasufi ! Un Médiateur de Santé, avec son grain de folie.

Pour les Communs de la Santé

Quand un grain de sable s’invite, sous la forme d’un neuroleptique, dans le cerveau d’un salarié de BigPharma au psychisme jusque-là formaté. Cette conférence gesticulée nous invite à partager le parcours d’un scientifique dans le domaine de l’industrie pharmaceutique.

La conférence est donnée « sous chapeau » qui est reversé à l’association PAGO, Pairs Aidants du Grand Ouest, le collectif ACCES, Accueil Civique Culturel Economique et Social, ou bien le collectif MBC, Médicament Bien Commun.

Sasufi ! – Catalogue & Agenda des Conférences gesticulées